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Le rôle des OSC

Pourquoi les OSC doivent aller au-delà du carbone pour prendre l'initiative dans le domaine de l'eau, des déchets et des plastiques

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Pourquoi les OSC doivent aller au-delà du carbone pour prendre l'initiative dans le domaine de l'eau, des déchets et des plastiques

Le rôle du Chief Sustainability Officer (CSO) a évolué de manière spectaculaire au cours de la dernière décennie. Si le suivi et la réduction des émissions de carbone restent des éléments fondamentaux de la stratégie de développement durable, le CSO d'aujourd'hui doit orchestrer une approche plus globale qui englobe la gestion de l'eau, la gestion des déchets et la réduction des matières plastiques avec la même rigueur et la même réflexion stratégique que celles appliquées à la réduction des émissions.

La focalisation étroite sur le seul carbone, bien qu'essentielle, représente une approche incomplète de la durabilité des entreprises. Les entreprises qui limitent leur approche du développement durable au suivi des émissions passent à côté d'importants gains d'efficacité opérationnelle, de risques réglementaires et des attentes des parties prenantes qui couvrent l'ensemble du spectre de l'impact environnemental.

Pourquoi la gestion de l'eau doit-elle figurer à l'ordre du jour des OSC ?

La pénurie d'eau touche près de 40 % de la population mondiale et ce chiffre devrait s'aggraver considérablement d'ici 2030. Pour l'OSC, la gestion de l'eau représente à la fois un risque matériel et une opportunité compétitive qui exige la même approche systématique que la gestion du carbone.

Contrairement aux émissions, qui peuvent souvent être compensées ou atténuées par des solutions technologiques, les dépendances à l'égard de l'eau sont spécifiques à un lieu et immédiates. Un fabricant de semi-conducteurs en Arizona est confronté à des problèmes d'eau fondamentalement différents de ceux d'une entreprise de boissons au Bangladesh, mais tous deux ont besoin de stratégies globales en matière d'eau qui vont au-delà de simples mesures de la consommation.

L'OSC stratégique élabore des cadres de gestion de l'eau qui comprennent une analyse au niveau du bassin hydrographique, une évaluation des risques liés à l'eau dans la chaîne d'approvisionnement et une mesure de l'impact sur la qualité de l'eau. Il ne s'agit pas seulement de déterminer la quantité d'eau utilisée par l'entreprise, mais aussi de comprendre les conditions locales de stress hydrique, les schémas de disponibilité saisonnière et la qualité de l'eau restituée aux écosystèmes locaux.

Les grandes entreprises mettent en place des systèmes de comptabilisation de l'eau qui reflètent la sophistication de leur comptabilisation du carbone. Elles fixent des objectifs de réduction de la consommation d'eau, investissent dans des technologies de recyclage de l'eau et s'engagent avec les communautés locales dans des initiatives de protection des bassins versants. Certaines poursuivent même des objectifs de consommation d'eau positive, c'est-à-dire qu'elles fournissent plus d'eau propre aux systèmes locaux qu'elles n'en consomment.

Les déchets : un défi pour la conception, pas une réflexion après coup pour l'exploitation

L'approche traditionnelle de la gestion des déchets la traite comme un problème en bout de chaîne : les produits sont conçus, fabriqués, vendus et utilisés, la gestion des déchets devenant l'affaire de quelqu'un d'autre. L'OSC stratégique recadre les déchets comme un défi de conception et de modèle commercial qui nécessite une réflexion en amont et des solutions systémiques.

Ce changement de perspective transforme les déchets d'un centre de coûts en une opportunité de création de valeur. Les entreprises qui mettent en œuvre les principes de l'économie circulaire sous la direction du CSO découvrent de nouvelles sources de revenus grâce à la récupération des matériaux, réalisent des économies grâce à l'optimisation de la conception et fidélisent leurs clients grâce à des programmes de reprise.

La stratégie de l'OSC en matière de déchets doit englober l'ensemble du cycle de vie du produit, depuis la sélection des matières premières jusqu'à la gestion de la fin de vie. Il s'agit notamment de fixer des objectifs de réduction des déchets aussi rigoureux que les objectifs d'émissions, de mettre en œuvre des principes de conception pour la circularité et de développer des partenariats tout au long de la chaîne de valeur afin de fermer les boucles de matériaux.

Une gestion efficace des déchets nécessite également la même infrastructure de données et les mêmes systèmes de mesure que pour le suivi des émissions. Les entreprises ont besoin d'une visibilité en temps réel sur les flux de matériaux, les modèles de production de déchets et les taux de détournement dans toutes les opérations. Ces données permettent d'identifier les points sensibles, de suivre les initiatives d'amélioration et de communiquer les progrès réalisés aux parties prenantes.

Le défi du plastique

La pollution plastique représente l'un des défis environnementaux les plus visibles et les plus urgents auxquels les entreprises sont confrontées aujourd'hui. L'approche du CSO en matière de plastiques ne peut se limiter à de simples stratégies de substitution ou à des initiatives de recyclage. Elle nécessite de repenser fondamentalement les systèmes d'emballage, les relations au sein de la chaîne d'approvisionnement et les modèles d'engagement des clients.

La complexité du défi posé par les plastiques exige la même réflexion systémique que les stratégies efficaces en matière de carbone. Les objectifs de réduction des plastiques à usage unique doivent être mis en balance avec les exigences de protection des produits, les considérations d'efficacité du transport et les attentes des clients en matière de commodité. L'OSC doit trouver des compromis entre les différents impacts environnementaux, en veillant à ce que les efforts de réduction des plastiques n'augmentent pas par inadvertance les émissions de carbone ou le gaspillage alimentaire.

Les stratégies réussies en matière de plastiques nécessitent une collaboration sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Cela signifie qu'il faut travailler avec les fournisseurs pour développer des solutions d'emballage alternatives, s'engager avec les clients pour modifier les comportements et s'associer avec les entreprises de gestion des déchets pour améliorer les systèmes de collecte et de traitement. Certaines entreprises investissent dans des technologies de recyclage avancées ou soutiennent le développement d'alternatives biodégradables.

Le défi de la mesure des plastiques est particulièrement complexe parce que l'impact se produit à travers de multiples systèmes environnementaux. L'OSC doit suivre non seulement la quantité de plastique utilisée, mais aussi son devenir après utilisation, son impact sur les écosystèmes marins et sa contribution à la pollution microplastique. Cela nécessite de nouveaux paramètres et de nouvelles approches de mesure qui vont au-delà du suivi traditionnel des déchets.

L'intégration nécessite une nouvelle approche

Les OSC les plus sophistiquées reconnaissent que l'eau, les déchets, les plastiques et les émissions sont des défis interconnectés qui nécessitent des solutions intégrées. Une initiative d'optimisation des emballages pourrait simultanément réduire l'utilisation du plastique, diminuer les émissions dues au transport, réduire la production de déchets et minimiser la consommation d'eau dans la fabrication.

Cette intégration nécessite de nouvelles capacités organisationnelles et de nouveaux systèmes de mesure. Les entreprises ont besoin de plateformes de données sur le développement durable capables de suivre simultanément plusieurs indicateurs environnementaux, d'identifier les co-bénéfices et les compromis entre les différentes initiatives de développement durable et de fournir une visibilité en temps réel sur les performances environnementales dans toutes les opérations.

L'OSC stratégique reconnaît également que ces défis environnementaux sont fondamentalement des défis commerciaux. La pénurie d'eau peut perturber les opérations et augmenter les coûts. La production de déchets représente une utilisation inefficace des ressources. La pollution plastique crée un risque pour la marque et une exposition à la réglementation. Pour relever ces défis, il faut faire preuve de la même discipline commerciale et de la même réflexion stratégique que les entreprises appliquent à la gestion financière ou à l'excellence opérationnelle.

Construire l'infrastructure pour une durabilité holistique

L'expansion au-delà des émissions nécessite de nouvelles capacités organisationnelles et des investissements dans les infrastructures. Les OSC ont besoin d'équipes spécialisées dans l'ingénierie de l'eau, la science des matériaux et la gestion des déchets, aux côtés de leurs spécialistes du carbone. Elles ont besoin de systèmes de données capables d'intégrer les indicateurs environnementaux aux mesures commerciales. Elles ont besoin de programmes d'engagement des fournisseurs qui abordent simultanément plusieurs dimensions de la durabilité.

L'infrastructure de mesure et d'établissement de rapports doit évoluer pour prendre en charge ce champ d'application élargi. Alors que la comptabilité carbone bénéficie de protocoles et de normes établis, la mesure de l'eau, des déchets et des plastiques nécessite souvent des approches plus personnalisées. Les OSC doivent investir dans le développement de méthodologies de mesure robustes, capables d'assurer la transparence et la responsabilité attendues par les parties prenantes.

L'engagement de la chaîne d'approvisionnement devient plus complexe mais aussi plus précieux lorsqu'il s'agit d'aborder plusieurs dimensions de la durabilité. Les entreprises peuvent tirer parti de leurs relations avec les fournisseurs pour améliorer simultanément la consommation d'eau, la production de déchets, l'optimisation des emballages et la réduction des émissions. Cette approche intégrée permet souvent d'obtenir de meilleurs résultats et une plus grande adhésion des fournisseurs que les initiatives isolées en matière de développement durable.

L'avenir du leadership des OSC

Le rôle du CSO évolue d'un poste de spécialiste axé principalement sur les émissions à un rôle de leader stratégique responsable de la gestion globale de l'environnement. Cette évolution nécessite de nouvelles compétences, de nouvelles capacités organisationnelles et de nouvelles approches en matière d'engagement des parties prenantes.

Les OSC les plus efficaces à l'avenir seront celles qui sauront réfléchir de manière systémique aux défis environnementaux, identifier les interconnexions et les compromis entre les différentes priorités en matière de développement durable et proposer des solutions intégrées qui créeront de la valeur commerciale tout en faisant progresser les objectifs environnementaux.

La gestion de l'eau, des déchets et des plastiques n'est pas une considération secondaire pour l'OSC moderne. Il s'agit d'impératifs stratégiques qui requièrent le même niveau d'attention, d'investissement et d'engagement organisationnel que la réduction des émissions. Les entreprises qui reconnaissent cette réalité et qui donnent à leurs OSC les moyens d'aborder le développement durable de manière globale seront mieux placées pour relever les défis environnementaux complexes qui se profilent à l'horizon.

Le passage d'une approche axée sur le carbone à une approche holistique de la durabilité nécessite des changements organisationnels importants, mais représente également une opportunité concurrentielle considérable. Les entreprises qui réussiront cette transition seront plus résistantes, plus efficaces et mieux positionnées pour répondre aux attentes changeantes des clients, des investisseurs et des régulateurs.

Le temps des stratégies de développement durable étroites est révolu. Le mandat de l'OSC doit s'élargir pour englober tout le spectre de l'impact environnemental, l'eau, les déchets et les plastiques devant faire l'objet de la même attention stratégique et du même engagement organisationnel que la réduction des émissions. Il ne s'agit pas seulement d'un impératif environnemental, mais aussi d'un impératif commercial pour les entreprises qui cherchent à prospérer dans un monde où les ressources sont de plus en plus limitées.

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