Encourager une culture éthique où les employés peuvent s'exprimer librement en toute sécurité

Une évaluation indépendante réalisée en septembre 2014 par l'organisation à but non lucratif Blueprint for Free Speech a relancé le débat dans le secteur de la conformité lorsqu'elle a révélé qu'un nombre considérable de pays du G20 ne disposaient d'aucune loi spécifique protégeant les personnes qui signalent des activités illégales ou des comportements contraires à l'éthique, tels que la corruption, les pots-de-vin et la fraude au sein d'une entité privée ou publique.
Chaque année, des entreprises renommées se voient infliger de lourdes amendes par les autorités de réglementation, concluent des accords coûteux ou voient leur réputation ternie après avoir été reconnues coupables de pratiques commerciales contraires à l'éthique. Et comme aucune loi ne les protège, les personnes qui sont témoins de ces actes répréhensibles ont peur de les signaler ou de les dénoncer, ce qui signifie que ces pratiques illicites se poursuivent souvent pendant longtemps avant d'être finalement détectées par des auditeurs internes ou externes.
Le débat autour de la protection des lanceurs d'alerte dure depuis un certain temps. Si certains pays ont pris des mesures en adoptant des lois sur la protection des lanceurs d'alerte, d'autres ont proposé ou rédigé des projets de loi, et certains en sont encore au stade de la consultation avec les principales parties prenantes.
Par exemple, en Argentine, au Brésil, en Allemagne, en Inde, en Indonésie, en Italie, au Mexique, en Arabie saoudite et en Turquie, il n'existe aucune loi en vigueur protégeant les lanceurs d'alerte contre les représailles ou les mesures de rétorsion. Dans les pays où des lois visant à protéger les lanceurs d'alerte sont en cours d'élaboration, il existe peu ou pas d'informations accessibles au public indiquant quand ces propositions deviendront des lois.
L'absence de lois adoptées dans des pays considérés comme développés, démocratiques et socio-économiquement stables, notamment le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, est préoccupante car elle donne un mauvais exemple à des pays réputés pour leur faible culture de conformité, tels que l'Arabie saoudite, l'Estonie, la Chine, le Nigeria et l'Équateur.
Même dans les pays où il existe des lois protégeant les lanceurs d'alerte, comme aux États-Unis, en Australie, en Russie et en Afrique du Sud, les récompenses financières accordées pour avoir dénoncé et révélé anonymement de tels abus sont très faibles ou peu motivantes, à tel point que les lanceurs d'alerte ne signalent pas les actes répréhensibles et que les activités illicites ne sont pas dénoncées.
Faire ce qu'il faut
Avant de signaler une activité illégale au sein d'une organisation, les lanceurs d'alerte évaluent d'abord les options qui s'offrent à eux en matière de sécurité et déterminent ce qui est en jeu pour eux. Les lanceurs d'alerte se posent généralement une série de questions personnelles et professionnelles avant de décider de signaler un acte répréhensible, telles que :
- Les actions de notre organisation sont-elles justifiées et conformes aux lois en vigueur ?
- Notre organisation dispose-t-elle d'une plateforme de signalement et, si oui, garantit-elle l'anonymat ?
- Serai-je en sécurité si je signale les irrégularités au sein de notre entreprise ?
- Suis-je protégé juridiquement si je suis exposé ?
- Dois-je signaler les actes répréhensibles aux autorités internes ou aux organismes de réglementation externes ?
- Quelles sont les options qui s'offrent à moi pour signaler les actes répréhensibles ?
- Est-ce que je recevrais une récompense pour avoir signalé cette activité illégale, en plus de la satisfaction personnelle ?
- L'argent est-il un facteur qui me motive à signaler l'acte illégal ?
- Vais-je pouvoir continuer à exercer mes fonctions/ma carrière/mon métier si je suis dénoncé comme lanceur d'alerte ?
- Serai-je victime de représailles, de harcèlement ou d'intimidation si l'on découvre que je suis la personne qui a signalé les actes répréhensibles ?
- Quelles sont les options et ressources juridiques dont je dispose ?
- Est-il éthique et moralement acceptable de signaler un comportement illégal au sein de l'entreprise pour laquelle je travaille ?
- Dois-je laisser une personne extérieure signaler les irrégularités commises dans notre entreprise ? Cette personne serait-elle protégée ? Est-elle digne de confiance ?
1. Innovation menée par le secteur privé
Si l'absence de lois protégeant les lanceurs d'alerte dans certains pays peut être considérée comme un frein à une culture de normes éthiques élevées et d'intégrité dans les organisations privées et publiques, certaines entreprises et organisations civiques vont plus loin en développant des outils et des solutions qui encouragent les lanceurs d'alerte à signaler les actes répréhensibles de manière anonyme et sans crainte d'être exposés. Même dans les pays où il n'existe pas de lois protégeant les lanceurs d'alerte, les entreprises investissent dans des outils, des solutions et des plateformes qui peuvent aider les employés, les personnes qui dénoncent des faits et les citoyens en général à signaler des comportements contraires à l'éthique sans en payer le prix.
Une plateforme développée, connue sous le nom deSpeeki, utilise l'intelligence artificielle pour mener des entretiens cognitifs avec les lanceurs d'alerte, afin d'aider les entreprises à prendre des mesures d'enquête plus rapides et plus efficaces.
2. Meilleures pratiques
Compte tenu de la lenteur apparente avec laquelle les lois sur la protection des lanceurs d'alerte sont adoptées dans la plupart des pays, y compris les pays du G20, les entreprises ne devraient pas hésiter à mettre en place et à appliquer certains mécanismes de signalement, notamment :
- Encourager une culture éthique où les employés peuvent s'exprimer librement dès qu'ils détectent des pratiques contraires à l'éthique.
- Élaborer des protocoles de signalement solides qui permettent aux lanceurs d'alerte de signaler des actes illégaux sans crainte de représailles.
- Mettre en place des procédures d'enquête claires et améliorées afin d'identifier rapidement et efficacement les allégations qui nécessitent une enquête.
- Donner suite à chaque signalement anonyme, qu'il provienne de l'intérieur ou de l'extérieur de l'organisation.
- Promouvoir le changement culturel au sein des structures de l'entreprise.
- Adopter les dernières technologies de divulgation et de reporting disponibles sur le marché.