Le greenwashing dans les rapports sur le développement durable : guide à l'intention des OSC pour une communication authentique

Alors que la durabilité passe d'un sujet secondaire à une priorité dans les salles de réunion, les responsables du développement durable (RDD) sont soumis à une pression croissante pour démontrer les progrès réalisés en matière d'environnement. Cependant, cette urgence crée une tentation dangereuse : le greenwashing. La pratique consistant à tromper les parties prenantes sur les performances environnementales non seulement sape les efforts sincères en matière de durabilité, mais expose également les organisations à un contrôle réglementaire, à une réaction négative des consommateurs et à une atteinte à leur réputation.

Le greenwashing dans les rapports sur le développement durable représente un défi majeur pour les organisations modernes. À mesure que les cadres réglementaires se durcissent et que les attentes des parties prenantes augmentent, les organisations de la société civile doivent trouver un équilibre entre des objectifs ambitieux en matière de développement durable et des rapports honnêtes. Il est essentiel de comprendre comment le greenwashing se produit et de prendre des mesures pour le prévenir afin d'instaurer la confiance et d'éviter les risques juridiques et de réputation.

Comprendre le greenwashing dans son contexte

Le greenwashing se produit lorsque des organisations présentent une image plus respectueuse de l'environnement que ne le justifient leurs pratiques réelles. Dans les rapports sur le développement durable, cela se traduit par des divulgations sélectives, des indicateurs trompeurs ou une présentation tout à fait erronée des performances environnementales. Cette pratique a évolué, passant d'une simple stratégie marketing à une manipulation sophistiquée de données complexes sur le développement durable, ce qui rend sa détection de plus en plus difficile pour les parties prenantes.

Les enjeux n'ont jamais été aussi importants. Les organismes de réglementation du monde entier mettent en place des exigences de divulgation plus strictes, tandis que les investisseurs intègrent de plus en plus les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leur prise de décision. Parallèlement, les consommateurs, armés d'outils numériques, peuvent rapidement mettre en évidence les incohérences entre les déclarations des entreprises et la réalité. Pour les OSC, les risques financiers et de réputation liés au greenwashing l'emportent largement sur les avantages à court terme.

Types de greenwashing dans les rapports sur le développement durable

Divulgations sélectives et tri sélectif

Cette pratique courante consiste à mettre en avant les indicateurs environnementaux positifs tout en omettant ou en minimisant les indicateurs négatifs. Les organisations peuvent ainsi souligner la réduction de la consommation d'eau dans une installation tout en ignorant l'augmentation des émissions dans une autre. Par exemple, une entreprise manufacturière peut annoncer une réduction de 20 % des émissions de carbone de ses activités européennes sans mentionner l'augmentation de 40 % des émissions de ses nouvelles installations asiatiques.

Comparaisons de référence trompeuses

Les entreprises manipulent parfois les années de référence ou les périodes de comparaison afin de gonfler leurs progrès apparents. Une organisation peut prétendre avoir réduit considérablement ses émissions en comparant ses performances actuelles à une année de référence exceptionnellement élevée plutôt qu'à une moyenne représentative. Cette technique crée l'illusion d'une amélioration spectaculaire qui ne reflète pas les progrès réels en matière de durabilité.

Manipulation du champ d'application et jeux de limites

Certaines organisations manipulent les limites de leurs rapports afin d'exclure les activités à fort impact. Une entreprise de vente au détail peut par exemple déclarer les émissions de ses bureaux et centres de distribution, tout en excluant l'impact environnemental significatif de sa chaîne d'approvisionnement ou du cycle de vie de ses produits. Cette portée restreinte crée un profil environnemental trompeusement positif.

Langage vague et termes indéfinis

Le greenwashing repose souvent sur un langage ambigu qui semble impressionnant, mais qui manque de substance. Sans définitions claires ni données à l'appui, des termes tels que « écologique », « durable » et « neutre en carbone » constituent des signaux d'alerte. Ces mots à la mode peuvent masquer l'absence d'améliorations environnementales concrètes ou de pratiques de mesure rigoureuses.

Déviation axée sur l'avenir

Les organisations mettent parfois l'accent sur des engagements ambitieux pour l'avenir tout en minimisant leurs performances environnementales actuelles. Si les objectifs à long terme sont importants, se concentrer exclusivement sur les projets futurs peut détourner l'attention des impacts environnementaux actuels et de l'absence de progrès à court terme vers les objectifs fixés.

Utilisation abusive de la validation par un tiers

Certaines entreprises présentent de manière trompeuse la portée ou l'importance des certifications ou des recommandations de tiers. Une organisation peut mettre en avant un prix de développement durable obtenu pour une gamme de produits tout en laissant entendre qu'il s'applique à l'ensemble de ses activités, ou souligner sa participation à des initiatives volontaires sans démontrer de résultats significatifs.

Stratégies concrètes de prévention pour les OSC

Mettre en place une gouvernance complète des données

Les OSC doivent mettre en place des processus efficaces de collecte et de validation des données qui reflètent l'ensemble des impacts environnementaux. Cela implique notamment d'établir des protocoles clairs pour garantir l'exactitude des données, vérifier leur cohérence et réaliser des audits réguliers. Il convient également de créer des définitions standardisées pour tous les indicateurs de durabilité et de s'assurer qu'elles sont conformes aux cadres reconnus tels que la Global Reporting Initiative ou le Sustainability Accounting Standards Board.

Effectuer régulièrement des évaluations de matérialité

Élaborez des évaluations de matérialité exhaustives qui identifient tous les impacts environnementaux significatifs tout au long de la chaîne de valeur. Cela permet d'éviter la divulgation sélective qui caractérise de nombreuses tentatives de greenwashing. Des mises à jour régulières de la matérialité garantissent que la portée du reporting reste pertinente à mesure que les activités commerciales évoluent.

Mettre en place des limites transparentes

Définissez clairement et appliquez de manière cohérente les limites des rapports dans toutes les communications relatives au développement durable. Documentez les raisons qui motivent les décisions relatives à la portée et veillez à maintenir la cohérence dans le temps. Lorsque les limites doivent être modifiées en raison de l'évolution de l'activité, fournissez des explications claires et le contexte historique afin de maintenir la transparence.

Envisagez d'adopter des approches scientifiques pour définir vos limites, par exemple en incluant les émissions de scope 3 qui représentent la majeure partie de l'empreinte environnementale de nombreuses organisations. Bien que difficiles à mesurer, la prise en compte de ces impacts plus larges démontre un engagement en faveur d'une responsabilité environnementale globale.

Adopter des processus de vérification rigoureux

Faites appel à des tiers indépendants pour vérifier les données relatives au développement durable et les processus de reporting. Choisissez des prestataires de vérification disposant de l'expertise requise et assurez-vous que leur champ d'action couvre toutes les déclarations environnementales importantes. Rendez publiques les déclarations de vérification et traitez de manière transparente toute faiblesse identifiée.

Mettre en place des processus d'audit interne qui examinent régulièrement la qualité des données relatives au développement durable et les pratiques en matière de reporting. Former les équipes d'audit interne aux normes de reporting en matière de développement durable et aux risques émergents liés au greenwashing afin d'améliorer l'efficacité de la surveillance.

Adoptez une narration équilibrée

Présentez les performances en matière de développement durable dans un contexte équilibré qui tient compte à la fois des progrès réalisés et des défis à relever. Lorsque vous rendez compte des améliorations, fournissez suffisamment d'informations sur les conditions de référence, les changements de méthodologie et les facteurs externes qui ont pu influencer les résultats. Discutez des revers ou des domaines à améliorer ainsi que des réussites.

Utilisez des mesures absolues associées à des améliorations relatives pour fournir une image complète des performances. Par exemple, indiquez les émissions totales ainsi que les améliorations de l'efficacité par unité afin de garantir que les parties prenantes comprennent les tendances réelles en matière d'impact environnemental.

Aligner le reporting sur la stratégie commerciale

Veiller à ce que les rapports sur le développement durable reflètent fidèlement les véritables priorités environnementales et l'allocation des ressources de l'organisation. Si le changement climatique représente une priorité déclarée, le démontrer par des investissements significatifs, des changements opérationnels et des résultats mesurables plutôt que par de simples déclarations politiques ou des engagements futurs.

Reliez les rapports sur le développement durable à des indicateurs de performance commerciale plus larges afin de démontrer l'intégration et la responsabilité. Cet alignement permet d'éviter que les rapports sur le développement durable ne soient isolés des activités commerciales principales et de la prise de décision.

Favoriser l'engagement des parties prenantes

Consultez régulièrement les principales parties prenantes, notamment les investisseurs, les clients et les groupes environnementaux, afin de comprendre leurs besoins et leurs attentes en matière d'information. Utilisez ces commentaires pour améliorer continuellement la qualité et la pertinence des rapports tout en identifiant les éventuels angles morts ou les domaines préoccupants.

Mettre en place des mécanismes de rétroaction permettant aux parties prenantes de soulever des questions ou des préoccupations concernant les déclarations relatives à la durabilité. Répondre de manière transparente aux demandes de renseignements et utiliser les commentaires des parties prenantes pour améliorer les pratiques futures en matière de reporting.

Bâtir une crédibilité à long terme

Pour éviter le greenwashing, il faut s'engager à s'améliorer en permanence plutôt que de se contenter de solutions ponctuelles. Les OSC doivent considérer les rapports sur le développement durable comme une occasion de gagner la confiance des parties prenantes grâce à une communication transparente sur les réalisations et les défis actuels. Cette approche favorise une crédibilité à long terme qui l'emporte sur les pressions à court terme visant à exagérer les performances environnementales.

Pour réussir dans le domaine du reporting en matière de développement durable, il faut trouver le juste équilibre entre ambition et honnêteté, progrès et perspective, communication et vérification. En mettant en œuvre des stratégies de prévention globales et en maintenant un engagement sans faille en faveur de la transparence, les OSC peuvent renforcer la confiance des parties prenantes et soutenir des progrès environnementaux significatifs dans un contexte de reporting difficile.

La lutte contre le greenwashing sert en fin de compte le mouvement plus large en faveur du développement durable en garantissant que les revendications environnementales reflètent de réels progrès vers un avenir plus durable. Pour une OSC, mener cet effort représente une responsabilité professionnelle et une opportunité stratégique de se démarquer grâce à un leadership environnemental authentique.

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