Émissions de scope 3 dans le cadre du CSDS 2 du Canada : défis et solutions technologiques

L'obligation de déclarer les émissions de scope 3 dans le cadre de la norme CSDS 2 représente l'un des aspects les plus complexes et les plus difficiles des nouvelles normes canadiennes en matière de divulgation d'informations sur le développement durable. Les émissions de scope 3 sont des émissions indirectes de GES provenant des activités tout au long de la chaîne de valeur d'une organisation (en amont et en aval), englobant tout, des biens et services achetés à l'utilisation des produits vendus. La norme CSDS 2 exige des entreprises qu'elles divulguent non seulement leurs émissions absolues de gaz à effet de serre (GES) de scope 3 (qui doivent être mesurées conformément au protocole GHG), mais aussi des mesures d'intensité et des objectifs de réduction des émissions.
La complexité du reporting des émissions de scope 3 découle de la nature étendue des activités de la chaîne de valeur qui doivent être mesurées et surveillées. Les entreprises fortement dépendantes des émissions de scope 3 doivent accorder une attention particulière à ces lignes directrices. Si 80 % ou plus des émissions totales de CO2 d'une entreprise relèvent du scope 3, il est essentiel de se conformer aux normes CSDS. Cela concerne notamment les entreprises de vente au détail et de biens de consommation, les constructeurs automobiles et les entreprises agroalimentaires, dont les émissions liées à la chaîne d'approvisionnement représentent souvent la majeure partie de l'empreinte carbone totale.
Il est essentiel de bien comprendre la portée et l'étendue des catégories d'émissions de scope 3 pour se conformer efficacement à la norme CSDS 2. Le protocole GHG identifie 15 catégories différentes d'émissions de scope 3, allant des biens et services achetés au transport en aval et au traitement en fin de vie des produits. Chaque catégorie nécessite des approches de collecte de données, des méthodologies de mesure et des processus de vérification différents, ce qui complique considérablement la tâche des entreprises qui mettent en œuvre un reporting complet de scope 3.
Les dispositions transitoires relatives aux émissions de scope 3 prévues par le CSDS 2 tiennent compte des difficultés rencontrées par les entreprises pour mettre en place un suivi complet des émissions tout au long de la chaîne de valeur. Conscient des défis auxquels sont confrontées les entreprises pour suivre les émissions de scope 3 (émissions indirectes tout au long de la chaîne de valeur), le CSSB a prolongé la période de transition de deux à trois ans. Ce délai supplémentaire permet aux entreprises de disposer de plus de temps pour mettre en place les systèmes de collecte de données, les processus d'engagement des fournisseurs et les capacités de vérification nécessaires.
Les solutions technologiques permettant de suivre les émissions de scope 3 nécessitent des capacités sophistiquées en matière de gestion de la chaîne d'approvisionnement et d'intégration des données. Les entreprises doivent investir dans des plateformes capables de collecter les données d'émissions de plusieurs fournisseurs, d'intégrer les informations provenant de diverses sources et d'offrir une visibilité complète sur les émissions de la chaîne de valeur. Cela implique notamment la mise en place de portails fournisseurs, de logiciels de comptabilité carbone et d'outils de transparence de la chaîne d'approvisionnement capables de gérer la complexité des chaînes d'approvisionnement à plusieurs niveaux.
L'engagement des fournisseurs est un élément essentiel pour réussir la déclaration des émissions de scope 3 dans le cadre du CSDS 2. Les entreprises doivent développer des approches systématiques pour dialoguer avec leurs fournisseurs, collecter les données sur les émissions et vérifier l'exactitude des informations déclarées. Cela nécessite d'investir dans des systèmes de gestion des relations avec les fournisseurs, des plateformes de collecte de données et des outils de vérification qui permettent d'assurer un engagement continu et un suivi des performances des fournisseurs.
Les défis liés à la qualité et à la vérification des données dans le cadre des rapports sur les émissions de scope 3 nécessitent des solutions technologiques sophistiquées et des processus de gouvernance robustes. Les entreprises doivent mettre en place des systèmes permettant de valider les données communiquées par les fournisseurs, d'identifier et de combler les lacunes en matière de données et de garantir la fiabilité des calculs d'émissions. Cela inclut la mise en œuvre d'outils automatisés de validation des données, de systèmes de vérification par des tiers et de pistes d'audit permettant de démontrer l'exactitude et l'exhaustivité des données relatives aux émissions de scope 3.
Les méthodes de calcul des émissions de scope 3 dans le cadre du CSDS 2 nécessitent des capacités d'analyse avancées et des outils logiciels spécialisés. Les entreprises doivent investir dans des plateformes de comptabilité carbone capables de traiter des calculs d'émissions complexes, d'appliquer des facteurs d'émission appropriés et de fournir des rapports précis pour plusieurs catégories de scope 3. Cela inclut la mise en œuvre d'outils d'évaluation du cycle de vie, de logiciels de modélisation des émissions et de plateformes d'analyse capables de prendre en charge des rapports complets sur le scope 3.
Les considérations spécifiques à chaque secteur pour la déclaration des émissions de scope 3 créent une complexité supplémentaire qui nécessite des solutions technologiques sur mesure. Commerce de détail et biens de consommation : les entreprises de ces secteurs voient souvent une grande partie de leurs émissions provenir de la logistique et de la distribution de leur chaîne d'approvisionnement. Constructeurs automobiles : ces entreprises doivent tenir compte des émissions de leurs chaînes d'approvisionnement, y compris l'achat de pièces détachées et la distribution des véhicules. Alimentation et boissons : les processus d'approvisionnement, de production et de distribution contribuent de manière significative aux émissions de scope 3. Chaque secteur nécessite des approches spécialisées en matière de collecte, de mesure et de reporting des données.
L'intégration des données relatives aux émissions de scope 3 dans les systèmes de reporting financier dans le cadre du CSDS 2 nécessite des capacités sophistiquées de planification des ressources d'entreprise (ERP). Les entreprises doivent s'assurer que leurs données relatives aux émissions de scope 3 peuvent être reliées aux informations financières, afin de permettre une analyse complète de la relation entre les émissions et les performances financières. Cela implique notamment la mise en œuvre de modules de développement durable dans les systèmes ERP, de data warehouses capables de traiter divers types de données et d'outils de veille économique permettant une analyse intégrée.
La technologie blockchain apparaît comme un outil précieux pour le suivi et la vérification des émissions de scope 3. Les systèmes basés sur la blockchain peuvent fournir des enregistrements immuables des données d'émissions tout au long de la chaîne d'approvisionnement, améliorer la traçabilité des produits et des matériaux et renforcer la crédibilité des rapports de scope 3. Cette technologie est particulièrement utile pour les chaînes d'approvisionnement complexes où plusieurs parties contribuent à la collecte et à la vérification des données d'émissions.
Les capacités de surveillance en temps réel des émissions de scope 3 nécessitent l'intégration de l'Internet des objets (IoT) et des réseaux de capteurs avancés. Les entreprises doivent investir dans des solutions technologiques capables d'offrir une visibilité continue sur les émissions de la chaîne d'approvisionnement, afin de permettre une gestion proactive des performances en matière d'émissions et une identification précoce des problèmes potentiels. Cela inclut la mise en place de capteurs IoT pour la surveillance des transports, le suivi de la consommation énergétique des installations et l'optimisation des processus de production.
Les arguments commerciaux en faveur d'un investissement dans une technologie complète de reporting des émissions de scope 3 vont au-delà de la conformité CSDS. Les entreprises qui développent des capacités sophistiquées de suivi des émissions de scope 3 identifient souvent des opportunités de réduction des coûts, d'amélioration de l'efficacité opérationnelle et d'optimisation de la chaîne d'approvisionnement. Les données collectées pour le reporting CSDS 2 peuvent soutenir la prise de décisions stratégiques, la gestion des performances des fournisseurs et le développement d'initiatives en matière de développement durable.
Les technologies d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique prennent une importance croissante dans la gestion des émissions de scope 3. Elles permettent d'automatiser les processus de collecte de données, d'identifier des tendances dans les données d'émissions, de prévoir les performances futures en matière d'émissions et d'optimiser les opérations de la chaîne d'approvisionnement afin de réduire les émissions. Les systèmes basés sur l'IA peuvent également aider les entreprises à identifier les sources d'émissions importantes, à hiérarchiser les efforts de réduction et à améliorer la précision des calculs d'émissions.
L'analyse coûts-avantages des technologies de reporting des émissions de scope 3 révèle une valeur significative à long terme qui va au-delà de la simple conformité réglementaire. Les entreprises qui investissent dans des systèmes complets de suivi des émissions de scope 3 bénéficient souvent de meilleures relations avec leurs fournisseurs, d'une efficacité opérationnelle accrue, d'une réduction des risques environnementaux et d'une meilleure capacité à prendre des décisions stratégiques. Les capacités d'automatisation des plateformes modernes de suivi des émissions peuvent réduire considérablement les efforts manuels nécessaires à la collecte et au reporting des données, tout en fournissant des informations plus précises et plus opportunes.
Alors que les entreprises se préparent à déclarer leurs émissions de scope 3 dans le cadre du CSDS 2, elles doivent tenir compte de l'évolutivité et de la flexibilité de leurs investissements technologiques. Les plateformes choisies doivent être capables de s'adapter à un nombre croissant de fournisseurs, à l'élargissement des portefeuilles de produits et à l'évolution des exigences en matière de reporting. Cela implique de prendre en considération les capacités des fournisseurs, les options d'intégration et la possibilité de personnaliser les solutions afin de répondre aux besoins spécifiques de l'organisation et aux exigences du secteur.