Comment identifier et impliquer les parties prenantes dans la gestion de la biodiversité

La biodiversité est intrinsèquement une préoccupation commune. Les écosystèmes ne respectent pas les frontières organisationnelles, les espèces se déplacent à travers les paysages et les bienfaits de la nature profitent à de multiples parties prenantes. Votre impact sur la biodiversité affecte les autres, tandis que leurs actions affectent les écosystèmes dont vous dépendez. Cette interconnexion signifie qu'une gestion efficace de la biodiversité ne peut se faire de manière isolée : elle nécessite un engagement significatif avec les parties prenantes tout au long de votre approche en matière de biodiversité.

La norme ISO 17298 place l'engagement des parties prenantes au cœur de son cadre, exigeant des organisations qu'elles identifient les parties intéressées pertinentes et tiennent compte de leurs attentes lors de l'élaboration de leur approche en matière de biodiversité. Plus important encore, elle recommande d'impliquer les parties prenantes dans les étapes majeures, de l'analyse à la mise en œuvre et à l'évaluation.

Identifier vos parties intéressées

La norme définit les parties intéressées comme des personnes ou des organisations qui peuvent influencer, être influencées ou se percevoir comme influencées par vos décisions ou vos activités. Notez l'étendue de cette définition : elle inclut non seulement les personnes réellement influencées, mais aussi celles qui se perçoivent comme influencées – la perception est importante dans la gestion de la biodiversité.

Les parties prenantes internescomprennent la direction générale, qui prend les décisions stratégiques et alloue les ressources, les employés, qui mettent en œuvre les mesures en faveur de la biodiversité et dont le comportement influe sur les résultats, les instances représentatives du personnel, qui défendent les intérêts des employés, les membres ou actionnaires, qui détiennent des participations, et les bénévoles, qui apportent leur temps et leur expertise.

Les parties prenantes externesse répartissent en trois catégories. Les partenaires commerciaux et opérationnels comprennent les fournisseurs dont les pratiques ont une incidence sur votre chaîne d'approvisionnement, les clients dont les préférences déterminent vos opportunités commerciales, les concurrents dont les actions façonnent les normes du secteur et les investisseurs dont les capitaux s'accompagnent d'attentes croissantes en matière de biodiversité. Les partenaires publics comprennent les agences gouvernementales, les régulateurs, les autorités locales et les institutions publiques. La société civile comprend les résidents voisins affectés par vos activités, les communautés locales dépendantes des mêmes services écosystémiques, les citoyens préoccupés par la biodiversité, les ONG œuvrant pour la conservation, les peuples autochtones possédant des connaissances et des droits écologiques traditionnels, et les institutions scientifiques fournissant leur expertise.

Pour chaque partie intéressée, comprenez sa relation avec votre approche en matière de biodiversité. Comment est-elle affectée par vos impacts ? Quels services écosystémiques partage-t-elle avec vous ? Quelle influence a-t-elle sur vos activités ? Quelles sont ses attentes ?

Comprendre les attentes

Les différentes parties prenantes ont des attentes différentes, parfois contradictoires, concernant vos performances en matière de biodiversité. Il est essentiel de comprendre ces attentes pour fixer des objectifs à la fois ambitieux et réalisables.

Les communautés locales peuvent donner la priorité au maintien des services écosystémiques dont elles dépendent pour leur subsistance : eau potable, pêcheries productives, produits forestiers, protection contre les inondations. Leurs attentes visent souvent à éviter les dommages et à garantir un accès équitable aux bienfaits de la nature.

Les ONG attendent généralement des résultats ambitieux en matière de conservation, une transparence dans les rapports, une conformité avec les recommandations scientifiques et une contribution aux objectifs de conservation à l'échelle du paysage. Elles peuvent inciter les organisations à adopter des pratiques exemplaires plutôt que de se contenter d'une conformité minimale.

Les investisseurs attendent de plus en plus une gestion rigoureuse des risques, une divulgation conforme à des cadres tels que le TNFD, l'intégration de la biodiversité dans la stratégie et la preuve que les risques liés à la biodiversité ne se traduiront pas par des pertes financières.

Les autorités réglementaires exigent le respect des lois environnementales, l'obtention des permis nécessaires, la mise en place de mesures de surveillance et de reporting, ainsi que la diligence raisonnable pour éviter tout préjudice. À mesure que la réglementation en matière de biodiversité s'étend, les attentes des autorités réglementaires évoluent rapidement.

Les clients sont très différents les uns des autres : certains privilégient le prix et la commodité, d'autres exigent des certifications de durabilité vérifiées et des produits respectueux de la nature. Comprendre les attentes de vos segments de clientèle vous aide à identifier les opportunités du marché.

Les employés souhaitent souvent travailler pour des organisations qui partagent leurs valeurs. De bons résultats en matière de biodiversité peuvent améliorer le recrutement, la fidélisation et l'engagement, tandis que de mauvais résultats peuvent nuire à la réputation et entraîner le mécontentement des employés.

Engagement tout au long de l'approche en matière de biodiversité

La norme ISO 17298 recommande une implication appropriée des parties prenantes aux étapes importantes :

Lors de l'analyse d'impact et de dépendance, impliquez les parties prenantes afin de comprendre leur point de vue sur ce qui importe le plus. Les communautés locales peuvent identifier des services écosystémiques essentiels à leur subsistance que vous pourriez négliger. Les scientifiques peuvent aider à évaluer l'importance de l'impact. Les pairs du secteur peuvent partager les enseignements tirés. Ces contributions rendent votre analyse plus complète et plus crédible.

Lorsque vous définissez vos objectifs, consultez les parties prenantes sur leurs priorités. Quels sont les résultats en matière de biodiversité qui leur importent le plus ? Qu'est-ce qui constituerait un progrès significatif ? Cette consultation permet de garantir que vos objectifs répondent aux préoccupations réelles des parties prenantes plutôt qu'aux questions que vous jugez importantes.

Lors de la planification des actions, impliquez les personnes qui participeront à leur mise en œuvre. Si les actions nécessitent l'engagement des fournisseurs, impliquez-les dès le début afin qu'ils comprennent les attentes et s'engagent à participer. Si les actions impliquent des partenariats communautaires, concevez conjointement des approches qui conviennent à toutes les parties. Si les actions nécessitent l'adhésion des employés, impliquez-les dans la planification afin qu'ils en comprennent la raison d'être et s'approprient le projet.

Pendant la mise en œuvre, entretenez des partenariats qui soutiennent l'exécution des mesures. Les mesures de conservation bénéficient souvent de l'expertise des ONG. Les projets de restauration peuvent nécessiter une coordination avec les agences de gestion des terres. Les mesures relatives à la chaîne d'approvisionnement nécessitent la collaboration des fournisseurs. L'acceptation sociale dépend des relations continues avec la communauté.

Lors de la mise à jour de l'approche, consultez les parties prenantes pour savoir ce qui fonctionne, ce qui doit être ajusté et quelles sont les nouvelles priorités qui émergent. Les conditions de la biodiversité changent, les attentes des parties prenantes évoluent et la gestion adaptative nécessite un dialogue continu.

Modes d'engagement

La norme met l'accent sur la détermination et la justification des « modes appropriés » d'engagement. Il n'existe pas de solution unique : l'engagement approprié dépend des parties prenantes, du sujet et de la décision à prendre.

Le partage d'informationsest le niveau le plus élémentaire : il consiste à fournir aux parties prenantes des informations sur votre approche en matière de biodiversité, vos impacts et vos performances. Cela peut inclure des rapports sur le développement durable, la publication d'informations sur votre site web, des réunions communautaires ou des communications directes. Le partage d'informations est toujours nécessaire, mais rarement suffisant à lui seul.

La consultationconsiste à solliciter l'avis des parties prenantes sur des questions ou des décisions spécifiques. Les sondages, les groupes de discussion, les périodes de consultation publique, les comités consultatifs et les réunions de consultation permettent de recueillir des points de vue qui éclairent vos décisions tout en vous laissant le pouvoir décisionnel.

La collaborationconsiste à travailler avec les parties prenantes pour analyser les problèmes, élaborer des solutions et mettre en œuvre des mesures. Les projets communs, les partenariats, les initiatives multipartites et les accords de cogestion permettent de partager les responsabilités et la prise de décision.

L'autonomisationtransfère le pouvoir décisionnel aux parties prenantes. Le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones, la conservation menée par les communautés et les structures de gouvernance des parties prenantes représentent des approches d'autonomisation.

Choisissez les modes d'engagement en fonction du niveau d'intérêt et d'influence des parties prenantes, de l'importance des impacts potentiels sur celles-ci, de la nature de la décision, de votre capacité d'engagement et des préférences et contextes culturels des parties prenantes.

Garantir un engagement significatif

Un engagement efficace ne se limite pas à cocher des cases. La norme ISO 17298 souligne que l'engagement doit être « approprié » et « faciliter » la participation, suggérant aux organisations de supprimer les obstacles à l'implication des parties prenantes.

Un engagement significatif est opportun : il intervient suffisamment tôt pour que les contributions des parties prenantes puissent réellement influencer les décisions, plutôt que d'être sollicitées après que les décisions ont été prises. Il est accessible : il utilise des langues, des lieux, des formats et des délais qui favorisent la participation plutôt que de créer des obstacles. Il est transparent : il est honnête quant à la manière dont les contributions seront utilisées, aux décisions sur lesquelles les parties prenantes peuvent influer et aux contraintes existantes. Il est réactif : il montre comment les contributions des parties prenantes ont été prises en compte et explique les décisions prises, même lorsque toutes les suggestions n'ont pas été retenues.

Documentez les processus et les résultats de la participation. Consignez qui a participé, comment, quand, quelles contributions ont été reçues et comment elles ont influencé votre approche en matière de biodiversité. Cette documentation démontre une participation de bonne foi et favorise l'amélioration continue des pratiques de participation.

Considérations particulières

Certaines parties prenantes méritent une attention particulière. Les peuples autochtones ont le droit au consentement libre, préalable et éclairé pour les activités qui touchent leurs territoires et leurs ressources. Les communautés locales qui dépendent des services écosystémiques sur lesquels vous avez un impact méritent d'être consultées de manière significative et, le cas échéant, de bénéficier d'un partage des avantages. Les populations vulnérables touchées de manière disproportionnée par la perte de biodiversité ou par vos impacts doivent être représentées de manière équitable.

Les déséquilibres de pouvoir peuvent nuire à l'engagement. Les grandes entreprises qui collaborent avec de petits groupes communautaires doivent reconnaître et traiter les différences de pouvoir. Fournissez les ressources nécessaires pour permettre aux parties prenantes de participer efficacement, telles que des services de traduction, un soutien technique ou le renforcement des capacités.

De l'engagement à la confiance

En fin de compte, l'engagement des parties prenantes permet d'instaurer la confiance et les relations nécessaires à la réussite à long terme de la biodiversité. Aucune organisation ne peut à elle seule obtenir des résultats significatifs en matière de biodiversité. Les écosystèmes dépassent les frontières, les espèces migrent, les impacts se répercutent en cascade et une conservation efficace nécessite une coopération à l'échelle du paysage. Les relations établies grâce à un engagement sincère constituent le fondement d'une action collaborative qui profite à la fois à la résilience des entreprises et au rétablissement de la biodiversité.

Précédent
Précédent

Naviguer dans le labyrinthe : pourquoi les cadres de reporting en matière de développement durable sont-ils importants ?

Suivant
Suivant

Nouvelle législation canadienne : lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement